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La PMA remboursée « sur le dos des vrais malades » (N. Trouiller, FC)

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Ce combat n’est-il pas perdu d’avance? Natalia Trouiller: « Je crois qu’il est perdu si les associations de malades ne donnent pas de la voix »

ARTICLE | 24/07/2019 | Par Theo Debavelaere

Dans son avis sur le projet de loi bioéthique rendu lundi 22 juillet, le Conseil d’État a donné une estimation du coût de la PMA pour toutes.Natalia Trouiller, auteur de Sortir ! Manifeste à l’usage des derniers premiers chrétiens (Éditions Premiere Partie), dénonce sa prise en charge par la sécurité sociale prévue par le projet de loi.

Article original sur Famille chrétienne https://www.famillechretienne.fr/politique-societe/bioethique/la-pma-remboursee-sur-le-dos-des-vrais-malades-258949

Selon le Conseil d’État, l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules coûterait entre 10 et 15 millions d’euros par an, soit environ 5% du montant total des PMA (environ 300 millions d’euros par an). Qu’en dites-vous ?

Nous pouvons faire dire ce que l’on veut aux chiffres et considérer en effet que ce n’est qu’un petit pourcentage. Or, nous vivons dans un pays où, depuis des années, nous sommes de moins en moins remboursés pour des pathologies graves. Par exemple, en 2011, contre l’avis des cardiologues et d’autres collèges médicaux, on a décidé que l’hypertension artérielle n’était plus une affection de longue durée (ALD). Brusquement, 4,2 millions de personnes n’étaient plus prises en charge à 100%. L’économie réalisée sur le dos de ces gens qui sont de vrais malades a été d’environ 20 millions d’euros par an.

Un autre problème encore plus scandaleux est la prise en charge de toutes les maladies neurologiques. Vous avez aujourd’hui un nombre affolant d’enfants qui souffrent de troubles du spectre autistique. Les soins pour ces enfants sont pourtant pris en charge d’une manière absolument scandaleuse dans notre pays. L’ergothérapie et la psychomotricité ne sont pas remboursés alors que ce sont des soins vitaux pour ces enfants. Nous pouvons aussi parler de l’épilepsie, qui concerne des milliers de malades en France. Cette maladie est prise en charge de manière indigne. La psychiatrie est dans un état épouvantable. On laisse sortir des gens qui sont un danger pour eux-mêmes et pour la société. Il y a un besoin urgent de perfuser de l’argent massivement dans ces secteurs de la santé. Et là, on va offrir des soins à des gens qui ne sont pas malades en nous disant que ça ne va pas coûter bien cher ? Pourquoi a-t-on déremboursé l’homéopathie ? Personnellement, je suis pour ce déremboursement. Mais il a été fait pour une mauvaise raison, à savoir rembourser la PMA. Là où c’est beaucoup plus grave, c’est que nous avons également déremboursé un médicament qui permettait de freiner la progression de la maladie d’Alzheimer dans environ 30% des cas. Aujourd’hui, ces familles-là se retrouvent démunies.

On est en train de dresser les uns contre les autres et je ne comprends pas pourquoi des associations de malades ne bougent pas le petit doigt ! Le message qui est donc envoyé, c’est : « De toute façon, vos Alzheimer, vos enfants autistes, vos épileptiques, on s’en moque. Ce qui compte, c’est de pouvoir offrir des enfants aux personnes homosexuelles et aux célibataires ».

Pensez-vous pour autant que ces déremboursements servent sciemment à pouvoir rembourser la PMA pour toutes ?

Il faut bien le trouver quelque part cet argent ! Mais dans cette histoire d’ouverture des droits, il va falloir, à un moment donné, que l’on parle vrai. Avez-vous déjà entendu parler d’une femme célibataire qui n’aurait pas pu faire une PMA ? Cela n’existe pas ! Les femmes vont en Belgique, en Espagne où elles font croire qu’elles ont un compagnon. Arrêtons l’hypocrisie, aujourd’hui, nous enfreignons la loi continuellement. Mais on ne va quand même pas payer des impôts pour que les gens enfreignent la loi. Moi je paie des impôts pour que les enfants autistes puissent aller à l’école, pas pour que des femmes puissent avoir des enfants sans relations sexuelles, alors qu’elles sont fertiles. Je me bats pour les droits des malades. Il faut voir le temps que cela prend de se bagarrer au quotidien lorsque l’on est en affection de longue durée. Or, beaucoup de dispositifs et de traitements ont été dé-remboursés pour trouver de l’argent pour des secteurs de la santé qui rapportent. Et la fertilité en est un.

Ce combat n’est-il pas perdu d’avance ?

Je crois qu’il est perdu si les associations de malades ne donnent pas de la voix. Car à un moment donné, il y en a marre que les catholiques soient systématiquement les seuls à descendre dans la rue. Les associations d’épileptiques, de parkinsoniens, d’autistes, sont concernées en premier lieu. Cet argent enlevé peut paraître être une somme dérisoire. Mais avec 2000 euros vous n’imaginez pas les miracles que des parents d’enfant autiste peuvent faire. Ces parents montrent un courage absolument héroïque. Ils doivent faire face à des tracasseries administratives hallucinantes pour espérer une mince prise en charge de la maladie, dans des délais d’attente énormes… Mettons cet argent pour les enfants autistes, n’attendons pas ! Là il y a une urgence !

Comment les catholiques peuvent-ils retrouver une certaine crédibilité ?

En prenant la défense des malades. Malheureusement, la défense du père est quelque chose de lunaire pour la plupart de nos contemporains. Le Conseil d’État valide que les hommes sont aujourd’hui des banques d’organes et de tissus vivantes. On ne sait plus ce que c’est qu’un père. Finalement, ce n’est pas si étonnant si ce combat est perdu d’avance. Cela fait des années que les gens rament au niveau de la paternité, qu’ils se sont débrouillé sans père comme des héros depuis 40-50 ans. Pendant ce temps-là, nous catholiques, étions trop occupés à se féliciter entre nous de moins divorcer que les autres, au lieu de s’occuper de ceux qui divorçaient. Donc évidemment nous ne sommes pas crédibles. Nous serions crédibles si nous étions engagés de manière visible dans les associations de malades, et certains le font ! Parlons des malades, en plus de parler de notre anthropologie, dont malheureusement aujourd’hui, tout le monde se fout. Le débat sur le basculement anthropologique est-il obsolète selon vous ? Bien sûr que non, c’est le sujet majeur ! Mais lorsque Jésus descend sur Terre, il ne vient pas donner un cours magistral sur la manière d’inculquer Saint Thomas aux masses populaires. Jésus vient vivre avec les gens, les guérir et les accompagner. Et nous devons faire la même chose. Jésus nous invite à tourner notre regard vers lui, qui est un être de chair.

Theo Debavelaere

Mots Clés : malades , PMA , santé Ceci peut aussi vous intéresser

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