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L’offensive transgenre

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Article Famille chrétienne 06 février 2021

Je serai peut-être la seule personne qui lui aura dit non ! », lance, désabusée Laura, 43 ans et mère de deux enfants, dont Victor, 17 ans. Cet été, brutalement, son fils lui a annoncé qu’il « [était] une femme » et qu’il voulait subir un traitement hormonal. Effrayée par la rapidité de cette décision, et par l’irréversibilité du traitement, elle refuse. Son fils, devant son refus de le nommer par un prénom féminin, l’accuse de « transphobie ». À part l’opposition nette de sa mère, habitée par un « sentiment profond » que son fils est bien un garçon, Victor ne rencontre guère de contradiction. Le psychologue que l’adolescent a consulté a « confirmé ses dires », sans les interroger. Son mari, quoique partageant ses doutes, envisage de l’appeler par un prénom féminin. Quant aux enseignants de son lycée des Yvelines, certains ont pris le parti, a-t-elle découvert, de nommer Victor comme une fille, sans même demander l’avis de ses parents.Les adolescents comme Victor seraient de plus en plus nombreux. Les chiffres manquent pour la France, même si, selon le journal Marianne, 700 enfants sont actuellement suivis à l’hôpital à Paris pour dysphorie de genre. En Angleterre, en revanche, une enquête de septembre 2018 a établi que les changements de sexe ont explosé chez les enfants lors des huit dernières années, notamment chez les filles. Elles étaient 40 en 2010, et 1 806 en 2018. En tout, ce sont 97 enfants en 2010, et 2 518 en 2018, qui ont reçu des traitements médicaux pour changer de sexe, dont 45 avaient 6 ans ou moins.Pour le psychanalyste Christian Flavigny, « le phénomène transgenre n’a rien de nouveau. Devant le fait énigmatique de la différence des sexes, les enfants cherchent à se situer ».

Ondine est enseignante depuis trente ans dans un lycée de l’académie de Créteil. En trois décennies, trois de ses élèves ont changé de sexe. « À chaque fois, le problème d’identité était visible dès l’arrivée en 6e, comme s’il y avait eu erreur d’aiguillage. », témoigne-t-elle. Pour Christian Flavigny, « ces enfants sont dans un certain désespoir et n’arrivent pas à faire concorder leur sexe avec la garantie d’être aimé, car telle est la grande question de l’enfance : être suffisamment aimé ». Jean-Pierre Lebrun, psychanalyste, abonde, et estime dans Marianne que la dysphorie de genre a tout à voir avec le désir des parents, et notamment de la mère, d’avoir un garçon ou une fille.Mais cette forme ancienne de la dysphorie de genre laisse la place à un phénomène nouveau : de plus en plus d’adolescents, comme Victor, en expriment le désir de façon soudaine.

En 2018, Lisa Littman, médecin et chargée de recherches dans les domaines relatifs au sexe à l’université de Brown, a fait paraître une recherche qui soutient que ce phénomène est lié à une contagion sociale, associée à des troubles d’ordre psychologique. Son travail a été censuré. Sur les 256 adolescents qui faisaient partie de l’étude, 83 % étaient des filles. 67 % d’entre eux faisaient partie d’un groupe d’amis où au moins un des membres avait commencé à s’identifier comme transsexuel durant cette période, 65 % fréquentaient assidûment les chaînes des personnes trans avant leur coming out, et une grande majorité souffrait d’anxiété sociale, d’affection mentale ou encore d’isolement.L’émergence récente de cette revendication de façon soudaine chez des adolescents donne à penser que nous serions aujourd’hui plutôt devant un « mouvement de propagande et de promotion de la dys-phorie de genre, dans un contexte sociétal ambiant d’individualisme forcené », analyse Jean-Pierre Lebrun. Les médias en sont largement les acteurs. En novembre 2020, Arte publiait Petite Fille, qui relate le quotidien de Sasha, né garçon, qui est persuadé d’être une fille. Un mois avant, c’était Lilie, 8 ans, « née dans un genre qui ne lui correspond pas », qui passait sur RMC et sur TF1. Portraits touchants à chaque fois, qui visent à faire admettre, sans aucune discussion possible, la parole de ces enfants comme véridique.

Ne pas interroger la source du trouble ?

Le corps médical est lui aussi invité, par les standards de soins édités par la WPATH (Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres), à « ne pas rejeter ou exprimer d’attitude négative vis-à-vis des identités de genre non conforme », car « l’acceptation et la levée du secret peuvent considérablement soulager les enfants et adolescents dysphoriques ». Ce qui signifie ne pas interroger la source du trouble. Dans le documentaire Petite Fille, la mère du petit Sasha demande à la psychiatre si la dysphorie de son fils proviendrait de son désir d’avoir une fille. Réponse catégorique : cela n’a rien à voir. « Mais évidemment, cela a quelque chose à voir ! », s’insurge Jean-Pierre Lebrun. Ces enfants sont ainsi privés d’une psychothérapie qui pourrait les aider à comprendre les raisons de leur malaise.

Un très efficace lobbying

Un tel refus est le résultat d’un intense et très efficace travail de lobbying de la part des associations trans, qui importent en France une approche du transgenrisme exclusivement identitaire et victimaire. « La France, qui a une culture affinée sur un plan psychologique, résistait jusqu’à il y a peu à cette approche anglo-saxonne du problème, constate Christian Flavigny. Mais désormais, les soignants sont incités à simplement entériner la parole des personnes trans. »En 2013, en effet, l’Association américaine de psychiatrie, éditrice du DSM-5, a estimé que « la non-conformité de genre n’est pas en soi un trouble mental ». Mais, pour ouvrir tout de même le droit aux transgenres à des traitements médicaux, elle a gardé la dysphorie de genre dans le manuel, dont l’élément primordial est « la présence de la détresse clinique significative associée à la condition ». En d’autres termes, la souffrance des personnes transgenres plus exposées que d’autres au risque de suicide (20 % auraient fait une tentative, selon une étude de 2014) proviendrait de la seule discrimination dont elles seraient l’objet. La France, en la matière, avait même devancé les États-Unis, puisqu’en 2010 Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait retiré les troubles de l’identité de genre de la liste des affections de longue durée, cédant ainsi aux revendications des militants LGBT.

De plus en plus regrettent d’avoir changé de sexe

En France, la Fédération Trans et Intersexes, créée en mars 2017, milite désormais pour la totale « dépathologisation » de la « transidentité ». Dans sa dernière lettre ouverte de décembre, cette fédération accuse de transphobie les spécialistes français du sujet, réunis depuis 2010 dans une association nommée aujourd’hui Société française d’études et de prise en charge de la transidentité. Ces derniers, qui déclarent pourtant vouloir sortir la dysphorie de genre des maladies psychiatriques, ont le tort à leurs yeux de réserver le parcours de transition et son remboursement à 100 % à un diagnostic de dysphorie de genre. C’est encore trop pour les militants transgenres qui militent pour une totale « autodétermination » des personnes, y compris des enfants, ou totale liberté de choisir son identité de genre.Cette approche met gravement en danger la santé des enfants alors même que, selon une dizaine d’études concordantes, plus de 80 % des enfants qui disent appartenir à l’autre sexe renoncent à ce discours à la puberté. Plus encore, de plus en plus de personnes transgenres regrettent d’avoir changé de sexe. C’est le cas de Keira Bell, jeune Anglaise de 20 ans, qui a réussi en décembre à faire condamner la clinique qui a réalisé sa transformation en homme quand elle était adolescente. La Haute Cour de Londres a alors rendu un arrêt interdisant les traitements de changement de sexe pour les mineurs de moins de 16 ans, estimant qu’ils n’avaient pas la maturité pour comprendre les conséquences d’une telle décision.Contrairement aux pays voisins, jusqu’en 2016, la France exigeait des personnes transgenres qu’elles aient opéré leur transformation physique (chirurgie, hormonothérapie) pour changer leur état civil (mention du sexe et prénom). Mais, à la suite de plusieurs condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme, « tout mineur émancipé, de plus de 16 ans, peut obtenir un changement de sexe à l’état civil, sans avoir à subir de traitement médical. Il faut que le sexe revendiqué corresponde à celui dans lequel la personne est connue. Il suffit de témoignages de proches », explique Olivia Sarton, directrice scientifique de Juristes pour l’enfance.Dans l’Éducation nationale, en revanche, rien n’oblige les établissements à céder à ces revendications, note Olivia Sarton. Cependant, la pression se renforce. En décembre, un lycéen prénommé Fouad a souhaité se rendre au lycée en jupe, « en cohérence avec son identité de genre ». La CPE le lui refuse et, quelques jours après, l’adolescent se suicide. Mis en accusation, l’établissement s’est engagé à renforcer la formation des enseignants sur ce sujet. Dans toute la France, des journées d’hommage se sont organisées en janvier dans les lycées, privés comme publics. Les délégués militants ont invité leurs camarades à se rendre à l’établissement en jupe ou, du moins, avec du vernis à ongles.

Le désarroi des enseignants

Avant même ce drame, en novembre 2019, Jean-Michel Blanquer avait créé un Observatoire de prévention et de lutte contre les discriminations anti-LGBT + dans l’académie de Paris, et créé un référent discrimination dans chaque établissement. Plus tôt, en janvier 2019, l’Éducation nationale a lancé une campagne de lutte contre la haine anti-LGBT. Elle s’accompagne d’un guide qui n’a pas de valeur contraignante, mais qui propose, comme exemple d’agissement LGBTphobe, de « refuser le prénom d’usage d’une personne trans et/ou refuser d’utiliser les pronoms/accords correspondant à son identité ». Les conversations entre professeurs, sur les réseaux sociaux, témoignent de leur désarroi. Une enseignante de lettres écrivait ainsi sur Twitter, début janvier, qu’elle était de plus en plus confrontée à des élèves qui se disent « non binaires » et demandent à changer de prénom et de pronom. Les professeurs qui témoignaient, en réponse à son Tweet, semblaient partagés, mais une partie non négligeable lui répondait qu’ils avaient pris le parti d’accéder à la demande de l’élève.Un documentaire, paru sur M6 en janvier, se penche ainsi sur les « ados non genrés », qui ne se disent ni garçon ni fille, et qui revendiquent un prénom neutre et des pronoms inclusifs, tels « iel ». « Certains parents, naïvement, veulent éduquer leurs enfants de façon non genrée, pour ne pas leur imposer d’avance d’être un garçon ou une fille, raconte Jean-Pierre Lebrun. Relativiser les stéréotypes, c’est très bien ! Mais refuser toute détermination, c’est encore une détermination ! Au fond, une chose n’est plus prévue : «Je ne suis pas tout à la fois, il y a des limites.» »

« une tentation de liberté totale »

Qu’est-ce qui explique notre complaisance envers ce trouble dans le genre ? Pour le philosophe Bertrand Vergely, « le transgenre est le paroxysme de la liberté, la tentation de la liberté totale, la toute-puissance du moi. C’est la raison pour laquelle il fascine les adolescents ». Et cette fascination fait l’objet d’une manipulation idéologique. « Le mouvement gay s’est saisi de la question du transgenre pour constituer sa forteresse idéologique. C’est une prise de pouvoir politique masquée derrière un discours de protection de personnes victimes », ajoute-t-il. Selon lui, la personne transgenre « prouve que le couple homme-femme n’est pas le couple fondateur de la vie et de la culture, et que le sexe n’existe pas. Il est une invention culturelle, produite par des discours performatifs, qui enjoignent les garçons d’êtres hommes, et les filles d’être femmes ». Dans ce combat idéologique, l’enfant transgenre est bien une victime. Non de la transphobie, mais d’une manipulation qui se soucie bien peu de son réel bonheur.

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