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Le don de sperme : généreux et altruiste, ou bien égoïste et irresponsable? (A. Mirkovic -radio)

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Chronique sur radio Espérance du 1er octobre par Aude Mirkovic, porte-parole de JPE.

Mercredi, les médias ont salué la publication du premier décret d’application de la loi bioéthique, qui permet la mise en œuvre de la procréation médicalement assistée, la PMA, pour les femmes célibataires et les couples de femmes.

Quasiment tous les commentateurs se sont réjoui, en s’interrogeant tout de même sur la réalisation pratique de ces PMA, en raison du manque de donneurs de sperme.

En effet, la loi a beau décréter que des femmes célibataires ou en couple de femmes peuvent avoir des enfants, la réalité demeure qu’un enfant est toujours issu d’un homme et d’une femme, et que les femmes ont donc toujours besoin d’un homme, fut-il relégué au rang de fournisseur de sperme, de donneur.

La France manque d’hommes prêts à donner leur semence pour que des inconnues puissent avoir des enfants issus d’eux.

Ce n’est pas nouveau car les donneurs étaient déjà insuffisants pour les couples infertiles ; cela va s’aggraver puisque la PMA pour les femmes, toujours avec donneur, va augmenter les besoins en sperme.

Les donneurs seront-ils au RDV ?

Rien n’est moins sûr car, si les donneurs de sperme sont rares en France, ce n’est pas parce que les Français ne seraient pas généreux, ou pas informés.

N’est-ce pas plutôt que les gens en général, et les hommes dans ce cas précis ont l’intuition, voire même la conviction, qu’engendrer un enfant emporte une responsabilité à son égard ?

Or, c’est tout le contraire qui se passe avec le don de sperme : la loi organise l’anonymat du donneur, exclut toute possibilité de filiation entre lui et l’enfant et toute responsabilité du donneur vis-à-vis de l’enfant.

Ce désengagement du donneur à l’égard de l’enfant issu de ses œuvres est contre-nature. Et c’est sans doute la raison principale pour laquelle les hommes ne donnent pas leur sperme.

La possibilité de lever l’anonymat du donneur à la majorité de l’enfant ne rassurera pas grand monde puisque, au contraire, elle manifeste bien le manque, la souffrance que sa conception par un inconnu peut susciter chez l’enfant.

Pendant les débats parlementaires, une camionnette était garée devant l’Assemblée nationale, invitant les députés à venir donner leur sperme afin de contribuer à la mise en œuvre de la loi qu’ils étaient en train de voter. Curieusement, aucun ne s’est porté volontaire… Ne devraient-ils pas pourtant être les premiers à se précipiter pour réaliser cette prétendue avancée, promesse de bonheur ?

Le don de gamètes est présenté comme un geste généreux et altruiste, pour donner du bonheur, mais ce slogan est bien réducteur.

Il est temps de réaliser que, au contraire, le don de sperme pourrait relever de l’égoïsme entre adultes et de l’irresponsabilité à l’égard de l’enfant. Les intentions sont peut-être bonnes, mais la réalité est là.

Le don de sperme n’est-il pas au fond un acte irresponsable et égoïste ? A chacun d’y réfléchir et de l’expliquer afin que les hommes sollicités, comme les femmes tentées d’y recourir, ne tombent pas dans le panneau de l’artifice qui leur est proposé par la loi, car faire un enfant d’un donneur, même si c’est légal, c’est une injustice.

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