Le 10 octobre, à l’occasion de la 80ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le rapport recommandant l’abolition de la gestation pour autrui (GPA) sera présenté à la Troisième Commission. Pour marquer cet évènement, plus de 200 associations ont signé une déclaration conjointe appelant à la fin de cette pratique.
Par Bertille Vaur
Publié le 9 octobre 2025 à 9h00
« Aujourd’hui, le marché mondial de la gestation pour autrui représente quasiment 20 milliards de dollars », alerte Matthieu le Tourneur, docteur en droit et juriste au sein de l’association Juristes pour l’Enfance, membre de la Déclaration de Casablanca. En France, la GPA est interdite et déclarée nulle selon l’article 16-7 du code civil, mais cette pratique ne cesse de se développer à l’échelle internationale.
En 2023, une première réunion de la Déclaration de Casablanca a rassemblé une centaine d’experts de 75 nationalités différentes. Leur objectif : obtenir l’abolition universelle de la gestation pour autrui. « Dans la même logique que l’abolition universelle de l’esclavage », explique Matthieu le Tourneur, avant ajouter : « la GPA conduit à la réification de la femme puisque son ventre est loué, mais aussi de l’enfant, réduit à l’objet du contrat ». La membres de la Déclaration de Casablanca se sont à nouveau réunis à Rome en 2024, puis au Pérou en 2025.
Parmi les participants à la réunion de Rome figurait Reem Alsalem, rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles auprès de l’ONU. Cet évènement a sans doute inspiré la rédaction de son rapport pour prévenir des dangers de la GPA. Après avoir recueilli 120 contributions et consulté 78 experts – parents commanditaires, agents spécialisés en GPA, mères porteuses – Reem Alsalem a publié, le 14 juillet dernier, un texte appelant à « l’abolition de la gestation pour autrui sous toutes ses formes et à tous les niveaux ». Elle y exhorte tous les pays du monde à prendre des mesures en vue de son éradication, et en attendant, à faire le nécessaire pour que les femmes et les enfants soient protégés. « Elle a compris que la GPA crée une situation qui n’est jamais bonne et que, pour résoudre ce problème, il faut l’interdire », souligne Matthieu le Tourneur.
Un soutien international à la rapporteuse sur la GPA
Pour soutenir cette prise de position, plus de 200 associations issues de 40 pays – aussi bien religieuses que féministes radicales, comme les associations familiales catholiques (AFC) ou bien l’International Coalition for the Abolition of Surrogate Motherhood (CIAMS) – ont signé une déclaration commune. Ce texte vise à appuyer les recommandations du rapport de Reem Alsalem qui sera présenté le 10 octobre devant l’Assemblée générale de l’ONU. « C’est comme une lettre de remerciement », résume le juriste. « Elle montre que la GPA est une réalité mondiale, et que de nombreuses voix s’y opposent. Le rapport de Reem Alsalem fait écho aux dénonciations de ces associations », poursuit-il. Bien que non contraignants, les rapports de l’ONU ont une autorité morale forte, le statut de rapporteur conférant une légitimité officielle.
Pour renforcer cette démarche, Olivia Maurel, porte-parole de la déclaration de Casablanca, et Bernard Garcia, directeur exécutif de l’association, sont présents cette semaine à New York afin d’assister à la présentation du rapport et de participer à plusieurs évènements pour encourager les pays à se prononcer sur la GPA.