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Oui, Monsieur le président, le père est « forcément » un homme (Ch. Flavigny)

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A l’occasion de la célébration à l’Elysée des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, Pascale Morinière, présidente des AFC, fait remarquer à Emmanuel Macron que le projet de PMA sans père méconnait le droit de l’enfant, dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux, garanti par l’art. 7 de ce texte.

Et Emmanuel Macron de lui répondre: « votre problème, c’est que vous considérez qu’un père est forcément un mâle. Tous les psychanalystes vous diront le contraire ».

Christian Flavigny, Christian FLAVIGNY, Pédopsychiatre, psychanalyste, Membre du groupe de travail Famille de l’Institut Thomas More, Auteur de Le débat confisqué – PMA, GPA, bioéthique, genre, #metoo, etc.,Salvator, 2019,  confirme pourtant qu’un père est nécessairement un homme.

Texte original publié dans Valeurs Actuelles https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/le-pere-est-celui-qui-procree-et-transmet-son-propre-heritage-paternel-116094

OUI, MONSIEUR LE PRÉSIDENT, LE PÈRE EST “FORCÉMENT” UN HOMME

13 février 2020

La presse rapporte que vous contestez, Monsieur le Président, que “le père soit forcément un mâle”, vous appuyant sur les propos réducteurs du psychiatre d’adultes Boris Cyrulnik ; permettez-moi de vous expliquer votre erreur (et la sienne), qui porte sur le sens des mots. Sans insister sur le terme de “mâle” qui caractérise habituellement le genre animal, certain que vous ne donnez au terme aucun sens péjoratif pour désigner les hommes ; venons-en donc à l’essentiel ; le père est nécessairement un homme, et de plus : un homme qui a été un garçon dans son enfance. Certes cette condition “d’être un homme” n’est pas suffisante ; mais elle est nécessaire ; toute personne qui serait prétendue être “le père” sans répondre à ces critères, le serait à faux, dès lors que l’approche s’accorde à privilégier le regard de l’enfant sur ce qu’est pour lui “un père”, ce dont nous conviendrons que c’est essentiel. Car la fonction de père, au sens anthropologique, autrement dit humain du terme, est de transmettre à ses enfants, fils et fille, le principe de la paternité. Ce principe ne peut être résumé à un rôle social, celui de partager sa vie avec la mère (ainsi le beau-père, s’il peut jouer un rôle éducatif profitable auprès de l’enfant, n’est pas son père), ni au rôle biologique de contribuer par l’apport de spermatozoïdes à la conception d’un œuf humain (le père peut être le géniteur, mais le géniteur ne fait pas le père ; en témoigne l’adoption), ni au fait de porter sur sa carte d’identité l’identification au sexe masculin (une personne née fille mais ayant obtenu un changement de sexe à l’état civil, ne peut être père au sens psychique, même s’il peut jouer avec profit pour un enfant le rôle de tuteur).

Être le père, au regard de l’enfant, comporte deux conditions, qui certes ne suffisent pas à faire un bon père, mais sont le préalable nécessaire pour le devenir. La première : avoir partagé avec la mère le pouvoir procréateur, qui résulte du don d’incomplétude fait d’un sexe à l’autre, don qui porte la venue de l’enfant et que celui-ci aspire à incarner ; autrement dit être celui qui avec la mère a fondé pour l’enfant son originaire. La deuxième : transmettre à son enfant d’avoir été le fils de son propre père, déléguant à son enfant le temps de l’enfance, affrontement à la finitude personnelle ; cette transmission est essentielle car elle instaure le principe de régulation du lien parent-enfant, ce que l’on appelle les interdits familiaux de l’inceste et du meurtre, condition pour que la force paternelle ne vire pas en violence à l’égard de l’enfant mais mue en simple fermeté propice à son éducation.

La condition corporelle n’est qu’un préalable à la conquête psychique, de la masculinité, qui est l’enjeu du conflit meurtrier (être garçon comporte le fameux “tuer le père”) et de la paternité, qui est un héritage depuis la relation à son propre père, par l’accueil de la fonction symbolique paternelle qu’il avait jadis exercée au profit de son enfant.

L’actuelle loi de bioéthique en prochaine deuxième lecture à l’Assemblée Nationale s’autorise à oublier ces fondements anthropologiques. Elle valide la privation essentielle qui serait faite à l’enfant qui serait privé de père par la loi, affectant que la place de père pourrait être compensée ; or une autre femme, compagne ou même socialement “épouse” de la mère, peut jouer un rôle de relais maternant, mais elle ne peut en toute rigueur des mots qu’être désignée cotutrice de l’enfant, et non pas “co-mère”. Quant au géniteur dont la levée de l’anonymat prétend faciliter la connaissance à l’enfant, celle-ci ne fera aucune réponse à la carence de père que la parole collective aura validée.

L’actuelle loi est donc fallacieuse car elle est sans signification accessible pour une psyché d’enfant ; pour lui, il n’y “sa mère” que s’il y a “son père” : les places symboliques s’inter-définissent mutuellement, de même que celles résultantes de “fils” et de “fille” ; les mots prennent leur signification de la fusion de leur complémentarité dans le lien familial. Les considérations sociales (absence fréquente des pères, femmes élevant seules les enfants, etc.) sont certainement à prendre en considération et à accompagner socialement ; le faire en usurpant le sens des mots dans les lois est une insigne violence à l’égard de l’enfance et de ses besoins fondamentaux, c’est une tromperie à l’égard des générations à venir. Certes cela ne se traduit pas le lendemain dans une agitation sociale comme il en est pour d’autres projets de lois ; et il est si facile de marginaliser celles et ceux qui la soulignent, dont l’alerte porte sur le temps long. Mais la loi déconstruit les fondamentaux qui sont le socle de toute famille, et par là prépare une société déstabilisée, fragilisée. La loi de bioéthique reçue en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale n’est pas “progressiste” ; elle est profondément délétère.

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