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A propos de la campagne de publicité de l’Agence de la biomédecine

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Une chronique présentée chaque semaine par Juristes pour l’enfance sur Radio Espérance
Présentée par Aude Mirkovic et Olivia Sarton, le vendredi à 7h50, 12h40 et 19h05 ainsi que le samedi à 8h20 (durée 3 minutes)

Chronique du 15 octobre 2021 : A propos de la campagne de publicité de l’Agence de la biomédecine

A écouter sur Radio Espérance ICI

Bonjour et bienvenue dans la chronique des Juristes pour l’enfance « Et le droit dans tout ça » présenté aujourd’hui par Olivia Sarton

Sans doute, ne pouvez-vous pas échapper depuis quelques jours à la campagne de publicité lancée par l’Agence de la biomédecine pour recruter des donneurs de gamètes – et surtout de spermatozoïdes.
Les moyens engagés sont importants : spots publicitaires sur des chaînes de télévision et radio nationales ainsi qu’au cinéma, campagne web avec des comptes instagram dédiés, insertion presse, brochures distribuées dans les cabinets médicaux des professionnels libéraux, etc…
Les pouvoirs publics ont décrété l’urgence au vu des engagements à l’égard des femmes ; depuis l’adoption de la loi de bioéthique en juin dernier, toutes ont accès sans condition à la PMA avec tiers donneur, ce qui représente plusieurs milliers de demandes par an, mais… il n’y a eu que 317 donneurs de sperme en 2019 soit 18% de moins qu’en 2018, où il n’y en avait eu que 386.

Alors, chers amis, ne vous laissez pas prendre au piège de cette campagne. L’Agence de la biomédecine soutient que 80% des français se disent favorables au don de gamètes et que plus d’une personne sur deux en âge de donner se dit prête à faire un don.
Mais voyez un peu : en France, il y a environ 10 millions d’hommes en âge de donner, c’est-à-dire âgés de 18 à 45 ans. Plus de la moitié prête à faire un don, signifierait que plus de 5 millions d’hommes sont enthousiastes pour donner leurs gamètes. Or, il y a à peine plus de 300 donneurs…

Alors d’où vient le hiatus ?

C’est qu’en réalité l’immense majorité des français n’est pas favorable dans la pratique à ce que des enfants soient conçus en étant délibérément privés de leur filiation biologique et même désormais plus grave en étant privés d’un père. Chacun sait ce que cela signifie de pouvoir s’inscrire dans une double lignée ou pas, d’avoir une double ou une unique filiation, d’avoir un père ou d’en être privé. Et finalement, une fois au pied du mur, cela ne parait pas si chouette de participer à la conception d’un enfant auquel on va interdire le droit de faire reconnaître sa filiation biologique, le droit de s’inscrire dans sa lignée et d’y voir sa place reconnue, ou encore le droit d’avoir un père auprès de soi.

Et également, chacun sait que ce ne seront ni les parlementaires faiseurs de loi, ni les salariés de l’Agence de la biomédecine, qui verront un jour 1, 2, 5, 10 enfants sonner à leur porte, les « attendre devant leur bureau, les appeler papa » comme en a témoigné récemment un donneur, et refuser de les considérer comme de simples fournisseurs de sperme. Car la réalité, c’est celle-là et régulièrement les journaux relaient la quête de personnes issues d’un don de gamètes qui recherchent bien sûr des informations sur leurs origines, mais pas seulement. Elles veulent aussi établir des liens avec ceux qu’elles considèrent comme des demi-frères et sœurs, et avec leur parent biologique. Certaines demandent à être reconnues par le donneur et à voir établi un lien de filiation avec lui. En France, la loi l’interdit. Mais dans quelques années, sous la pression de la Cour Européenne des droits de l’homme saisie par des requérants malheureux, que pèsera cette règle ?

Alors, quand l’Agence de la Biomédecine communique sur le slogan « Je suis né grâce à un don de spermatozoïdes. Aujourd’hui, je ne cherche pas un parent ; mais des réponses », elle masque bien imprudemment la réalité.

A la semaine prochaine !

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