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Bébé GPA rejeté pour non conformité à la commande (radio A. Mirkovic)

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Une chronique présentée chaque semaine par Juristes pour l’enfance sur Radio Espérance

Présentée par Aude Mirkovic et Olivia Sarton, le vendredi à 7h50, 12h40 et 19h05 ainsi que le samedi à 8h20 (durée 3 minutes)

Emission du 24 juin 2022: bébé GPA, rejeté pour non conformité à la commande

A écouter sur Radio Espérance ICI

Un couple américain, après avoir fait appel à une mère porteuse, décide, à la naissance, d’abandonner le bébé.

Que s’est-il passé ?

Le père a constaté que le bébé avait des traits asiatiques, les cheveux noirs et des yeux marron, alors que lui et sa femme sont tous les deux « blancs, blonds et avec des yeux bleus ». 

Le test ADN révèle que si l’enfant est bien issu biologiquement de la femme commanditaire, il n’est pas issu de l’homme.

Une erreur d’éprouvette, une de plus, et c’est le drame.

Le drame parce que l’enfant n’est pas issu biologiquement du couple demandeur, comme l’explique le « père » : « Nous nous fichons de l’origine ethnique, nous sommes juste contrariés que le bébé ne soit pas le nôtre, s’il était blanc et pas de moi nous aurions été tout aussi en colère. »

Cette affaire nous révolte car la victime de ce bricolage procréatif raté, c’est une fois de plus l’enfant.

Mais cette émotion est l’occasion de stimuler notre réflexion.

Comment expliquer que cet homme et cette femme, qui voulaient désespérément un enfant au point de passer par une gestation pour autrui, l’aient finalement abandonné ?

L’explication est simple : ils ont passé commande d’un enfant issu de leurs gamètes, et l’enfant remis ne correspond pas à la commande. Ils le refusent donc.

Voici un comportement type de consommateurs. Comment s’en étonner ?

La GPA est un marché, un marché qui fait de l’humain à la fois la matière première et le client.

Dès lors qu’on passe commande d’un enfant, que l’enfant est le résultat d’un contrat, d’une transaction, il y a à l’arrivée une attente de résultat.

Cette réification de l’enfant par le contrat existe dans tous les cas : elle n’est pas trop visible lorsque « tout se passe bien » et que l’enfant correspond à la commande mais elle éclate au grand jour, de façon dramatique, lorsque l’enfant n’est pas le produit attendu mais un produit défectueux.

Notons quand même que cet enfant est issu de l’ovocyte de la femme et que le couple l’abandonne quand même.

Comment continuer à penser, comme si de rien n’était, que le lien biologique n’importerait pas dans la filiation ? Il suffit ici que ce lien biologique manque du côté d’un des parents, et c’est le drame.

Souvenons-nous de cette histoire quand nous verrons sur les bus la prochaine campagne de promotion du don de gamètes de l’Agence de la biomédecine.

Au moment de donner ses gamètes, que chacun réfléchisse : est-il responsable de fournir ses gamètes pour faire exister un enfant délibérément privé de celui qui l’a engendré ?  

Si l’absence de lien biologique peut causer de tels drames chez les adultes, comment prendre le risque d’imposer ce drame à un enfant ?

L’histoire tragique de ce petit bébé commandé puis rejeté, pourrait alors préserver d’autres enfants de subir la violence des désirs égoïstes des adultes.

 

Toutes les chroniques Et le droit dans tout ça à réécouter ICI

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