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Procréation post mortem : un snowboarder australien engendre après sa mort (chronique radio)

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Une chronique présentée chaque semaine par Juristes pour l’enfance sur Radio Espérance
Présentée par Aude Mirkovic et Olivia Sarton, le vendredi à 7h50, 12h40 et 19h10 ainsi que le samedi à 8h20 (durée 3 minutes)

Chronique du 12 novembre 2021 : A propos de la campagne de promotion du don de gamètes de l’ABM

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Fin octobre, la veuve d’un snowboarder australien, mort il y a 15 mois, a donné naissance à leur enfant : comment ? Après le décès de son mari, elle avait demandé à prélever du sperme sur le défunt afin de procéder à une fécondation in vitro post mortem pour concevoir un enfant de son mari défunt.

Et les médias de célébrer la nouvelle : « Quinze mois après sa disparition, le snowboardeur star est donc devenu papa »[1] : mais qu’est-ce que signifie dans le cas présent « devenir papa » ?

Est-ce le rôle d’un papa d’engendrer un enfant après son décès ? Un enfant qui ne le connaitra pas, dont il ne s’occupera pas, un enfant qui devra grandir et se construire sans papa ?

Comment l’enfant va-t-il vivre ce fait d’avoir été conçu du sperme d’un mort ?

Donner une descendance à un défunt justifie-t-il de priver un enfant, avant même sa conception et pour toute sa vie, de son papa ?

Lors de l’examen de la loi de bioéthique en France, des amendements ont tenté de légaliser la PMA post mortem, après la mort. On invoquaitpar exemple le cas des enfants nés pendant la guerre de 1914-1918, dont les pères étaient morts au combat et qui se sont construits avec l’image héroïque de leur père, bel et bien présent, même si ce n’était pas physiquement.

En effet, le père défunt existe, on sait qui il est, il y a sa photo, il existe dans la pensée et le souvenir de la mère et de l’entourage. Il est sur le livret de famille, sur les papiers de l’enfant. Son absence pèsera certainement à l’enfant mais il est vrai que la mort du père n’équivaut en effet en rien à l’absence totale de père, à l’effacement du père.

Pour autant, le fait d’avoir perdu son père (à la guerre ou dans d’autres occasions) est-il donc une chance au point de reproduire délibérément ce schéma ?

N’est-il pas au contraire bien différent de gérer une situation que la vie suscite, le décès du père, et d’organiser cette situation ? C’est pourquoi la loi de bioéthique adoptée le 2 août a maintenu l’interdiction de la PMA post mortem.

En effet l’émotion ne dispense pas de la réflexion et, si on peut compatir à la souffrance de la veuve et même comprendre sa demande, comprendre ne veut pas dire tout accepter et n’est-il au contraire du devoir de la loi de dire NON ?

L’intérêt de l’enfant bien sûr s’oppose à la réalisation d’une telle demande. Cet homme est mort, c’est sans doute un drame, mais qui ne justifie pas de créer d’autres drames.

Quant à la femme, est-ce que la loi lui rend service à permettre la réalisation d’un tel désir né dans le contexte de la douleur de la mort de son mari ? Ne pourrait-elle pas regretter ce geste, une fois cette douleur apaisée et la raison retrouvée ?

La presse évoque une « prouesse permise grâce à la fécondation in vitro ».

Hélas une fois de plus, la prouesse technologique n’a pas grand-chose à voir avec un progrès authentiquement humain.

A chacun de prendre du recul et de discerner, au-delà des photos tout sourires, la détresse de cet enfant orphelin avant même d’être venu au monde.

[1]https://www.programme-tv.net/news/sport/286454-le-snowboardeur-alex-pullin-mort-il-y-a-15-mois-vient-detre-papa-grace-a-une-fecondation-in-vitro-de-sa-compagne/

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