Communiqué de presse – 1er décembre 2025
Juristes pour l’enfance poursuit son rôle de veiller au respect des droits et besoins fondamentaux des enfants, en interpellant les autorités compétentes sur les contenus inadaptés mis à disposition des enfants.
Elle a ainsi saisi la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à la jeunesse pour lui demander de procéder en commission à l’examen de l’ouvrage « Le livre le plus important du monde » de Nathalie Simonsson, recommandé à partir de 9-10 ans, et ayant reçu une aide à l’édition de la région Bretagne.
La Commission, qui dépend du Ministère de la Justice, a pour mission de contrôler les publications qui apparaissent par leur caractère, leur présentation ou leur objet, comme étant principalement destinées aux enfants et aux adolescents.
Elle s’est saisie de la demande formée par Juristes pour l’enfance. Après l’examen de l’ouvrage en séance, elle a relevé que :
– si que cet ouvrage ne contrevenait pas à l’article 2 de la loi du 16 juillet 1949,
– elle notait cependant qu’il « aborde certaines thématiques telles que l’identité de genre ou la sexualité qui nécessitent une maturité suffisante pour être comprises et contextualisées ».
En conséquence, « la Commission a recommandé à l’éditeur de rehausser la recommandation d’âge à 11-12 ans », « afin de mieux correspondre à la maturité attendue des jeunes lecteurs et en tenant compte de l’équilibre entre la nécessité d’informer les mineurs sur ces sujets importants et la protection de leur sensibilité ».
Juristes pour l’enfance remercie la Commission pour son travail et ce premier pas en faveur de la protection de la jeunesse que constitue cette recommandation faite à l’éditeur.
L’association souligne cependant que ce premier pas n’est pas suffisant, compte-tenu du caractère éminemment contestable notamment de certaines incitations ou suggestions contenues dans ce livre, comme celle de la suggestion de se masturber à plusieurs ou l’exposé détaillé incitatif de pratiques sexuelles adultes particulièrement inadapté pour des mineurs.
Elle rappelle que les violences sexuelles entre mineurs sont en hausse et concernent des mineurs de plus en plus jeunes. Les Tribunaux pour enfants voient très souvent devant eux de jeunes adolescents qui exposent avoir voulu tester ou mettre en pratique sur d’autres les « informations » de ce type qu’ils avaient glanées ou reçues.
Estimant en conséquence que la mise à disposition de l’ouvrage « Le livre le plus important du monde » ne remplit pas le devoir d’information ou d’éducation des enfants, mais au contraire qu’elle est susceptible de brouiller les repères nécessaires pour une éducation affective, relationnelle et sexuelle responsable, Juristes pour l’enfance a adressé un courrier au Ministre de l’Education nationale, lui demandant
– de bien vouloir faire procéder au retrait de l’ouvrage de l’ensemble des établissements publics d’enseignement secondaire (et a fortiori primaire s’il y figurait) ;
– au minimum, de ne pas laisser ces livres en accès libre à la destination des élèves ;
– à défaut, de faire apposer sur chaque exemplaire de l’ouvrage un bandeau portant une mention « à partir de 11-12 ans ; peut heurter la sensibilité ; pour des jeunes ayant une maturité suffisante compte-tenu de la nécessaire contextualisation à opérer du contenu ».